Ni victime ni bourreau : quand l’amour bascule dans la violence et la culpabilité

Quand l’amour s’égare du côté obscur, rien n’est simple. Et si la frontière entre victime et bourreau était parfois si fine qu’on se sentait égaré, incapable de trouver sa place ou de se pardonner ?

Les montagnes russes émotionnelles : quand la relation devient le grand huit

Il est parfois difficile de mettre des mots sur ce que l’on vit. Pourtant, cela peut ressembler à ceci : vivre une relation très compliquée, où l’amour sincère n’empêche pas la toxicité de s’installer lentement. L’un fait face à une période difficile sur le plan émotionnel, à l’hypersensibilité, à la dépression. Le partenaire, lui, tente de faire de son mieux, mais la charge émotionnelle pèse. Les demandes de réassurance deviennent fréquentes — peut-être même trop. Le couple tangue, comme une barque sur une mer déchaînée.

Malgré un amour profond, chacun devient toxique pour l’autre. Des remarques sur l’apparence laissent des marques, surtout lorsqu’on se retrouve comparé à d’autres. Même lorsqu’une parole rassure (« Je t’aime comme tu es »), une autre vient rappeler l’écart avec des « standards de beauté » qui, eux, n’ont rien de bienveillants. Résultat : le corps devient étranger à soi-même, impossible de s’y sentir bien, même si l’on tente de croire l’autre. Le mal est fait ; la confiance s’effrite.

Des disputes empoisonnées : incompréhension, douleurs et silences hostiles

Lorsque la tempête éclate, essayer d’exprimer ce que l’on ressent devient un jeu de patience… et de courage. L’un tente d’ouvrir son cœur, l’autre ne comprend pas, accuse parfois d’être « trop émotive », ou bien bascule tantôt dans la douceur, tantôt dans l’indifférence ou la colère. Se faire traiter de « pleureuse » ou être ignorée des heures durant, alors qu’on est en larmes, laisse une blessure vive.

Dans ces moments, il arrive de perdre pied. Des gestes que l’on ne cautionne pas surgissent, des réactions physiques qui dépassent la pensée. Une gifle part, parfois plus d’une, dans la confusion d’une dispute qui traîne, alors que l’autre reste muré dans le silence ou la moquerie, ou crie sans discontinuer. La honte, elle, s’installe, tenace :

  • On supplie à genoux une parole qui ne vient pas.
  • On agit sous le coup de la panique, tentant de retenir le geste, sans y parvenir totalement.
  • On regrette amèrement, même si « le coup n’a pas fait mal » selon l’autre, conscient que ce n’est pas le degré de force qui compte.

Mais la violence n’est pas l’apanage d’un seul. L’autre aussi réagit, parfois en claquant des objets ou en frappant un mur. Il y a eu ces moments extrêmes : être tenu de force jusqu’aux bleus, être plaqué à terre quand tout vacille. Deux êtres qui ne veulent plus jamais revivre ces scènes, et qui comprennent à quel point la spirale est dangereuse.

Ni l’un ni l’autre : prison psychiatrique et culpabilité sans issue

Comment sortir de ce cercle ? Un des partenaires pense que la violence a atteint un équilibre funeste : « à égalité ». Mais ça ne suffit pas à effacer la culpabilité, ni à pardonner. Avoir recours à une professionnelle devient indispensable pour essayer de comprendre, changer, ne plus jamais franchir de limites ou faire du mal, même involontairement, même dans l’urgence ou la douleur. Se reconstruire et réparer, voilà le défi.

Mais il reste cette question obsédante : pourquoi le partenaire pardonne-t-il, alors que l’on s’en sent incapable ? Pourquoi lui accorde-t-il le bénéfice du doute (« tu as agi sous pression, ce n’était pas vraiment toi »), alors que l’on traîne ce sentiment d’indignité, ce poison de la culpabilité qui s’incruste profondément ?

Fuir ou affronter ? Quand partir devient un acte de dignité

Quand on se sent indigne et rongé, penser à partir devient inévitable. Non par manque d’amour, mais parce que l’autre mérite mieux, parce que l’on veut rompre la chaîne, réparer ce qui peut l’être d’abord en soi. C’est douloureux, mais parfois salutaire. Malgré le pardon reçu, l’important est de retrouver sa propre paix, de croire qu’il existe un après, où ni victime, ni bourreau, le respect de soi et de l’autre peut enfin s’imposer.

Si vous aussi, vous avez besoin de parler, il existe des espaces bienveillants, où le jugement n’a pas sa place et où la parole reste libre. Retrouvez plus d’informations et de règles utiles sur des plateformes dédiées à l’écoute comme ce wiki.