Un directeur d'école parisien démissionne après des menaces de mort suite à une dispute sur le voile musulman | France

Des responsables politiques français de tous bords ont exprimé leur consternation face à la démission d'une directrice d'école parisienne qui avait reçu des menaces de mort après avoir demandé à une étudiante de retirer son voile musulman dans les locaux.

En signe de soutien, le Premier ministre Gabriel Attal, ancien ministre de l'Éducation, devait recevoir le directeur mercredi soir, a indiqué son bureau.

La laïcité et la religion sont des sujets brûlants en France, qui abrite la plus grande communauté musulmane d'Europe.

En 2004, les autorités ont interdit aux écoliers de porter « des signes ou des tenues par lesquels les étudiants manifestent ostensiblement une appartenance religieuse », comme le foulard, le turban ou la kippa, sur la base des lois laïques du pays, censées garantir la neutralité des institutions publiques.

Le départ du directeur intervient dans un contexte de profondes tensions dans le pays après une série d'incidents, notamment le meurtre d'un enseignant par un ancien élève islamiste l'année dernière.

Le directeur du lycée Maurice Ravel, dans l'est de Paris, a démissionné après avoir reçu des menaces de mort sur Internet à la suite d'une altercation avec un élève le mois dernier, ont indiqué des responsables à l'AFP.

Fin février, il avait demandé à trois élèves de retirer leur foulard islamique dans l'enceinte de l'école, mais l'un d'eux a refusé et une altercation s'est ensuivie, selon les procureurs. Le chef a ensuite reçu des menaces de mort sur Internet.

Selon une lettre envoyée par l'école aux enseignants, aux élèves et aux parents, le directeur a démissionné pour des « raisons de sécurité », tandis que les responsables de l'éducation ont déclaré qu'il avait pris une « retraite anticipée ».

Dans un message adressé au personnel de l'école, cité par le quotidien communiste français L'Humanité, le directeur a indiqué avoir pris la décision de partir « pour sa propre sécurité et celle de l'école ».

« C'est une honte », a déclaré mercredi sur X le chef du groupe de droite Les Républicains à la chambre haute du Sénat, Bruno Retailleau.

« Nous ne pouvons pas l'accepter », a déclaré sur la chaîne de télévision France 2 Boris Vallaud, chef des députés socialistes à la chambre basse de l'Assemblée nationale, qualifiant cet incident « d'échec collectif ».

Marion Maréchal, petite-fille du patriarche d'extrême droite Jean-Marie Le Pen et elle-même femme politique d'extrême droite, a évoqué sur Sud Radio une « défaite de l'État » face à « la gangrène islamiste ».

Maud Bregeon, députée du parti Renaissance du président Emmanuel Macron, a également visé « un mouvement islamiste ».

« L'autorité appartient aux chefs d'établissement et aux enseignants, et nous avons le devoir de soutenir cette communauté éducative », a déclaré Bregeon.

La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a appelé le proviseur pour « l'assurer de son soutien total et de sa solidarité », a indiqué son cabinet, se disant « consternée et consternée ».

L'élève a porté plainte contre le directeur, l'accusant de l'avoir maltraitée lors de l'incident. Elle a déclaré au quotidien Le Parisien qu'elle avait été « frappée violemment au bras » par le proviseur.

L'élève est un adulte qui a fréquenté l'école pour une formation professionnelle.

Le parquet de Paris a indiqué mercredi à l'AFP que sa plainte avait été classée sans suite.

Parallèlement, une enquête a été ouverte pour cyber-harcèlement après les menaces de mort proférées contre le chef.

Dans une nouvelle démonstration de soutien, le ministère de l'Éducation a déclaré dans un communiqué qu'il n'abandonnerait jamais les enseignants face aux menaces.

Le ministère a indiqué que « toutes les équipes » restaient mobilisées, ajoutant que la décision du proviseur de quitter son poste était « compréhensible compte tenu de la gravité des agressions dont il est victime ».

La ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, s'est rendue dans l'établissement début mars et a déploré des « attaques inacceptables ».

Un homme de 26 ans a été arrêté pour avoir proféré des menaces de mort contre le proviseur sur Internet. Il doit être jugé en avril.