Un tribunal français confirme l’interdiction faite aux filles de porter des abayas dans les écoles

Le plus haut tribunal administratif de France a confirmé l’interdiction faite par le gouvernement aux filles des écoles publiques de porter des abayas, rejetant les plaintes selon lesquelles cette mesure était discriminatoire et pourrait inciter à la haine.

Le gouvernement a annoncé juste avant la réouverture des écoles cette semaine que l’abaya, une robe longue et fluide portée par certaines femmes musulmanes, ne serait plus autorisée car elle violait le principe français de laïcité, ou laïcité.

Une association représentant les musulmans – Action pour les droits des musulmans (ADM) – avait déposé une requête en référé auprès du Conseil d’État, la plus haute juridiction de France pour les plaintes contre les autorités de l’État. Ils ont demandé une injonction contre cette interdiction, estimant qu’elle était discriminatoire et pourrait inciter à la haine contre les musulmans, ainsi qu’au profilage racial.

L’association estime que cette interdiction viole les droits de l’enfant en « ciblant principalement les enfants présumés musulmans, créant ainsi un risque de profilage ethnique à l’école ».

L’avocat d’ADM, Vincent Brengarth, a déclaré que l’abaya devrait être considérée comme un vêtement traditionnel et non religieux, et que le gouvernement essayait d’utiliser cette interdiction à des fins politiques. Le président de l’ADM, Sihem Zine, a déclaré que cette règle était « sexiste » car elle cible les filles et cible celles d’origine maghrébine ou africaine.

Mais après avoir examiné la motion pendant deux jours, le Conseil d’Etat a rejeté les arguments.

Le port de l’abaya « suit la logique de l’affirmation religieuse », a-t-il ajouté, précisant que cette décision s’appuie sur la loi française, qui interdit à quiconque de porter des signes visibles d’une quelconque appartenance religieuse dans les écoles.

L’interdiction imposée par le gouvernement n’a pas, selon le texte, causé « de préjudice grave ou manifestement illégal au respect de la vie personnelle, à la liberté de religion, au droit à l’éducation, au bien-être des enfants ou au principe de non-discrimination ».

L’interdiction des abayas par le gouvernement, fortement soutenue par le président Emmanuel Macron, a provoqué une querelle politique sur les règles de laïcité en France et sur la question de savoir si elles sont discriminatoires à l’égard de la minorité musulmane du pays.

La république française est construite sur une stricte séparation de l’Église et de l’État, destinée à favoriser l’égalité de toutes les croyances privées. Mais au cours des 20 dernières années, les écoles publiques – où il n’y a pas d’uniforme et où les enfants peuvent s’habiller comme bon leur semble – sont devenues de plus en plus au centre de conflits autour de la laïcité. En 2004, une loi a interdit le port de symboles ostensiblement religieux dans les écoles. Cela comprenait le foulard islamique, les kippas juives, les turbans sikhs et les grandes croix chrétiennes.

Jusqu’à présent, les robes amples, les abayas ou les jupes longues étaient considérées comme une zone grise difficile à réguler. Des groupes musulmans ont déclaré que les abayas ne sont pas obligatoires en matière de tenue religieuse et certains à gauche ont averti que les filles portant des jupes ou des robes longues et simples pourraient être injustement montrées du doigt.

Avant le jugement, le Conseil français du culte musulman (CFCM), un organisme officiel représentant les musulmans de France, avait averti que l’interdiction de l’abaya pourrait créer « un risque élevé de discrimination » et a déclaré qu’il envisageait de déposer sa propre plainte devant le tribunal. Conseil d’État.

L’absence « d’une définition claire de ce vêtement crée un flou et une insécurité juridique », selon le texte.

Le ministère de l’Éducation a déclaré que l’abaya rendait ceux qui la portent « immédiatement reconnaissables comme appartenant à la religion musulmane » et allait donc à l’encontre de la culture laïque des écoles françaises.

Lundi, le premier jour de l’année scolaire, les écoles françaises ont renvoyé des dizaines de filles chez elles parce qu’elles refusaient de retirer leurs abayas ou leurs robes longues. Près de 300 écolières ont défié l’interdiction, a déclaré le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal. La plupart ont accepté de changer de vêtements, mais 67 ont refusé et ont été renvoyés chez eux, a-t-il expliqué.

Macron a suscité cette semaine des critiques de la gauche lorsqu’il a défendu l’interdiction de l’abaya et a déclaré qu’il y avait une « minorité » en France qui « détourne une religion et défie la république et la laïcité », entraînant les « pires conséquences » comme le meurtre il y a trois ans. Il s’agit notamment du professeur Samuel Paty pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet lors d’un cours d’éducation civique.

« Nous ne pouvons pas faire comme si l’attentat terroriste, le meurtre de Samuel Paty, n’avait pas eu lieu », a déclaré Macron dans un entretien à la chaîne YouTube HugoDécrypte.

Les politiciens de gauche ont accusé Macron de confondre une robe longue et ample avec le terrorisme. Olivier Faure, le chef du parti socialiste, a déclaré que la comparaison était « honteuse » et « dangereuse ». Aurélien Taché, qui a quitté le parti de Macron pour rejoindre la gauche écologiste, a qualifié ce lien de « lien répugnant » et critiqué ce qu’il a qualifié de « raccourcis racistes » empruntés aux idées de l’extrême droite.