Grenoble affronte l’État français alors que la dispute juridique sur le burkini atteint la plus haute cour | France

La dispute juridique sur l’autorisation des burkinis ou des maillots de bain intégraux dans les piscines municipales françaises doit être portée devant le plus haut tribunal administratif de France alors que la ville de Grenoble se bat contre l’État.

La ville, au pied des Alpes françaises, est au centre d’une dispute politique amère depuis que son maire vert, Éric Piolle, qui dirige une large coalition de gauche, a proposé d’assouplir les règles sur les maillots de bain dans les piscines municipales extérieures.

Les nouvelles règles, approuvées par le conseil municipal en mai, ne nommaient pas le burkini, mais permettraient aux gens de porter n’importe quel type de maillot de bain, y compris en laissant les hommes ou les femmes couvrir entièrement leur corps ou en autorisant les femmes à se mettre les seins nus de la même manière que les hommes. pouvez.

L’Etat a engagé cette semaine une action en justice contre Grenoble. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’était opposé à l’autorisation du burkini dans les piscines municipales, la qualifiant de « provocation inacceptable » et affirmant qu’elle allait à l’encontre des valeurs françaises de laïcité. Sur instruction de Darmanin, le gouverneur de l’Isère, dans le sud-est de la France, a demandé à un tribunal local d’intervenir pour suspendre l’entrée en vigueur des nouvelles règles de la piscine le 1er juin.

Le tribunal a tranché en faveur du gouvernement et a suspendu les nouvelles règles mercredi soir, arguant qu’elles « violaient gravement le principe de neutralité dans le service public ». Darmanin a tweeté que la décision était « une excellente nouvelle ».

Mais la ville de Grenoble a fait appel de la décision, et l’affaire va maintenant être portée devant le plus haut tribunal administratif de France, le Conseil d’Etat.

L’affaire est significative car la contestation de l’État a été déposée dans le cadre de la nouvelle loi d’Emmanuel Macron pour contrer le « séparatisme islamiste », votée par le parlement l’an dernier. Cette loi permet au gouvernement de contester les décisions qu’il soupçonne de porter atteinte aux traditions laïques françaises visant à séparer la religion de l’État.

La république française est bâtie sur une stricte séparation de l’Église et de l’État, destinée à favoriser l’égalité de toutes les croyances privées. Cela impose à l’État d’être neutre en matière de religion et laisse à chacun la liberté de pratiquer sa foi tant qu’il n’y a pas de menace à l’ordre public.

Le maire de Grenoble a fait valoir que le port du burkini dans les piscines n’avait rien à voir avec la laïcité française. Les représentants de l’État en France ne sont pas autorisés à porter des symboles religieux ostentatoires au travail, pour protéger la neutralité de l’État, mais Piolle a déclaré que les utilisateurs des services publics, tels que les nageurs, étaient simplement des membres du public qui étaient libres de s’habiller à leur guise.

Le différend a provoqué une querelle politique avant les élections législatives du mois prochain. Ce n’est pas la première fois que des maillots de bain intégraux suscitent une controverse politique avant une saison électorale. À l’été 2016, à l’approche de l’élection présidentielle de 2017, une trentaine de stations balnéaires françaises ont interdit le burkini sur les plages, à l’initiative du maire de droite de Cannes.

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Le Conseil d’Etat a alors jugé que les décrets anti-burkini constituaient « une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales », dont le droit de circuler en public et la liberté de conscience.

Jordan Bardella, du Rassemblement national d’extrême droite de Marine Le Pen, a déclaré jeudi que le Parlement devrait créer une loi contre les burkinis, qui, selon lui, n’ont pas leur place en France et constituent une « provocation politico-religieuse ».