La France demande au monde islamique de mettre fin au boycott des produits français | France
La France a appelé les gouvernements étrangers à éradiquer les appels de ce qu’elle appelle une «minorité radicale» au boycott des produits français après le soutien public d’Emmanuel Macron aux caricatures de Mahomet.
L'appel est venu alors que la colère s'intensifiait dans le monde islamique suite aux remarques du président lors d'un hommage national au professeur de lycée assassiné Samuel Paty la semaine dernière.
Paty, 47 ans, a été tué après avoir montré ses dessins de classe du prophète lors d'un débat sur la liberté d'expression.
Après que Macron eut promis que la France ne «renoncerait pas aux caricatures», une riposte furieuse qui a émergé vendredi sur les réseaux sociaux sous des hashtags arabes a pris de l'ampleur ce week-end.
Dans une déclaration fermement formulée, le ministère français des Affaires étrangères a exigé que les appels au boycott de ses produits et les manifestations «parfois haineuses» contre le pays doivent cesser.
«Ces appels dénaturent les positions défendues par la France en faveur de la liberté de conscience, de la liberté d'expression, de la liberté de religion et du refus de tout appel à la haine», lit-on.
«Par conséquent, les appels au boycott sont inutiles et doivent cesser immédiatement, de même que toutes les attaques contre notre pays, instrumentalisées par une minorité radicale».
Le communiqué ajoute: «Les ministres et l'ensemble de notre réseau diplomatique sont pleinement mobilisés pour rappeler et expliquer à nos partenaires les positions de la France, notamment en matière de libertés fondamentales et de rejet de la haine, pour appeler les autorités des pays concernés à se dissocier. tout appel au boycott ou toute attaque contre notre pays, pour soutenir nos entreprises et assurer la sécurité de nos compatriotes à l'étranger.
Dimanche, après des manifestations au cours desquelles la photo du président a été brûlée et le dirigeant turc, Recep Tayyip Erdoğan, a suggéré que son homologue français avait besoin de «tester sa santé mentale», a également répondu Macron.
«Notre histoire est celle d'une bataille contre la tyrannie et les fanatismes. Nous allons continuer », a tweeté Macron en trois langues, français, Anglais et arabe.
«Nous respectons toutes les différences dans un esprit de paix. Nous n'accepterons jamais de discours de haine et nous défendons un débat raisonnable. Nous continuerons. Nous nous tenons toujours du côté de la dignité humaine et des valeurs universelles », a ajouté le président français.
La Turquie, l'Iran, la Jordanie et le Koweït font partie des pays islamiques à critiquer la publication des caricatures, apparues à l'origine en France dans Charlie Hebdo, déclenchant une attaque terroriste contre le journal satirique en 2015 qui a tué 12 personnes.
le Organisation de coopération islamique a également dénoncé les «suggestions de certains dirigeants français… qui risquent de submerger les relations franco-musulmanes».
Tout en condamnant «tous les actes de terreur commis au nom de la religion», il s'en est pris à «la publication continue de caricatures blasphématoires» du prophète.
Au Qatar, certains groupes de distribution alimentaire ont annoncé qu'ils se retiraient de leurs magasins dans un avenir prévisible. Parallèlement, la semaine culturelle française prévue à l'université du Qatar a été reportée en raison d'une «attaque délibérée contre l'islam et ses symboles».
Au Koweït, les fromages français – La Vache Qui Rit et Babybel – ont été retirés de certains magasins. Environ 430 agents de voyages koweïtiens auraient suspendu les réservations de vols vers la France.
Le Pakistan a également critiqué la France dimanche, le Premier ministre, Imran Khan, accusant Macron «d'attaquer l'islam» en encourageant la publication de caricatures de Mahomet.
Masood Khan, le président du Pakistan administré l'Azad Kashmir, a tweeté: «Le président Macron a ignoblement obtenu un brevet pour #Islamophobie et l'incitation à la haine contre les musulmans. Nous condamnons ses propos blasphématoires et l'état d'esprit qui les sous-tend. La France a souffert d'un tel état d'esprit pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi inflige-t-il des blessures similaires aux autres? »
Après qu'Erdoğan ait attaqué Macron en disant directement: «Allez faire tester votre santé mentale», Paris a rappelé son ambassadeur à Ankara et a répondu que le commentaire était «inacceptable». Il a accusé la Turquie d'avoir «attisé la haine» contre la France.
Josep Borrell, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et les questions de sécurité, a appelé la Turquie à mettre fin à «cette dangereuse spirale d’affrontement».
En Israël, environ 200 personnes se sont rassemblées devant l'ambassade de France pour condamner Macron. À Gaza, des manifestants palestiniens ont brûlé des photos du président français.
La police a abattu Abdullah Anzorov, 18 ans, après qu'il aurait décapité Paty il y a 10 jours. Les enquêteurs affirment que le suspect avait communiqué avec deux personnes d'un groupe islamiste en Syrie mais ajoutent qu'il n'y a aucune preuve que l'attaque a été ordonnée depuis l'étranger.
La police pense que le Tchétchène d'origine russe, qui vivait à Évreux, en Normandie, s'est radicalisé de son propre chef, mais cherche à créer un club de sport local et deux mosquées qu'il a fréquentées ces derniers mois.
Le parquet antiterroriste français a confirmé jeudi que sept personnes, dont deux élèves de l’école Paty de Conflans-Sainte-Honorine, avaient été inculpées d’infractions terroristes.
Paty a reçu à titre posthume la Légion d’honneur, la plus haute distinction de France, lors d’une cérémonie à l’Université de la Sorbonne à Paris, mercredi. Macron a déclaré que la France devait à un "héros tranquille … de continuer son combat pour la liberté et pour la raison".
Paty a montré à la classe les images de Muhammad aux côtés d'autres caricatures et dessins animés de différents sujets dans le cadre d'une discussion sur la liberté d'expression, après avoir invité tous les élèves qui pourraient être offensés à détourner le regard.