Le Coran est-il réservé aux Arabes ?

Le Coran est-il réservé aux Arabes ?

Un de mes amis sikhs a reçu de la littérature à lire. En le lisant, il souleva cette objection : « Vous dites qu’Allah parle aux prophètes et qu’à travers ces personnes spéciales, Il a envoyé un mode de vie universel pour toute l’humanité. La question est de savoir pourquoi un mode de vie si important est-il prescrit dans cette langue particulière ? [Arabic], qui n’est utilisé que dans un emplacement géographique particulier ? Pourquoi Allah Tout-Puissant n’a-t-il pas pu créer un langage universel pour toute l’humanité afin que tous puissent en bénéficier de manière égale ? Le Coran arabe n’est certainement bénéfique que pour les Arabes.

Si votre ami sikh qui avait soulevé cette objection avait poussé son imagination un peu plus loin, il aurait aussi pu demander : « Pourquoi Dieu n’a-t-il pas envoyé une copie du Coran directement à chaque être humain ? Puisqu’Il ​​est le Tout-Puissant, Il aurait pu faire cela aussi !

En réalité, ces gens n’essaient pas de comprendre un point fondamental : pour guider l’humanité, Allah Tout-Puissant n’adopte pas une méthode qui nécessiterait une modification du fonctionnement et des systèmes naturels de l’univers. La variété des langues et, par conséquent, l’émergence de divers groupes ethniques, petits et grands, tout cela n’est qu’un phénomène naturel né de la volonté d’Allah. Et il y a là de nombreux avantages et bontés qu’Allah ne voudrait pas détruire. Oui, Il est le Tout-Puissant, mais Il est aussi le Sage. Dans Son univers, les choses fonctionnent selon un ensemble parfait de lois et de principes. En raison de ces principes, des différences apparaissent entre les langues, les cultures et les traditions. Même si Allah avait créé un type de langue distinct, celle-ci n’aurait pas pu être la langue maternelle de toutes les nationalités, et la littérature dans cette langue ne pourrait pas non plus affecter et influencer l’esprit de tous les peuples de la terre. Ils n’auraient pas apprécié la beauté de cette langue [as one appreciates one’s mother tongue]. Si Allah – d’une manière surnaturelle – a éliminé toutes les langues maternelles de tous les peuples et a ensuite imposé, de manière surnaturelle, une seule langue à l’humanité entière, alors c’est une autre affaire. Cependant, puisqu’une action d’Allah ne vient pas annuler une autre de Sa part, Il a envoyé une guidance à l’humanité tout en soutenant les systèmes et cadres naturels de toutes les langues.

Le Coran arabe ne peut être que bénéfique pour les Arabes – cette allégation aurait pu être vraie si Allah avait seulement envoyé un livre. Mais la réalité est qu’Allah a envoyé le livre avec un guide. Ce guide s’adressait d’abord à une nation particulière dans la langue de laquelle le livre était paru. Puis, selon les prescriptions du livre, il les éduqua, les purifia, leur donna une formation pratique et remodela complètement leur vie dans une pleine révolution sociale. Ensuite, il leur a confié la responsabilité de transmettre, en son nom, cette direction aux autres nations, de les éduquer, de les purifier, de les former et de remodeler leur vie de la même manière qu’il l’avait fait pour eux. Ainsi, une fois qu’une nation aura adopté cet idéal, elle aura la responsabilité de le transmettre aux autres nations. C’était la manière naturelle d’universaliser cet enseignement et cette orientation. Tous les grands mouvements du monde qui ont voulu universaliser leur enseignement ont adopté cette même méthode, qu’il s’agisse d’un mouvement visant à établir la voie de Dieu ou de tout autre type de mouvement.

Si l’on accepte l’argument selon lequel un livre n’est bénéfique qu’à la nation particulière dans la langue de laquelle il est écrit, alors il faudra considérer l’histoire de toutes les sciences du monde comme fausse. Tous les livres du monde devront être divisés et séparés selon la langue. Tous les avantages des traductions et des divers moyens de communication de masse internationaux devront être niés. Pourtant, c’est par ces médias que les messages des grands mouvements mondiaux et les paroles des grands dirigeants parviennent aux quatre coins du monde. Alors quel crime le livre de Mahomet a-t-il commis pour qu’il doive être considéré comme réservé aux seuls Arabes simplement parce qu’il est en arabe ?

Si l’on n’est toujours pas rassuré après cela et qu’on pense qu’Allah aurait dû faire les choses comme il pensait qu’Il aurait dû le faire, alors on a le droit de rester ferme dans son opinion. Mais la question est la suivante : si en posant des questions telles que des obstacles, on ne profite pas d’un livre ou d’un message, alors à qui revient cette perte ? Ce n’est pas la politique des chercheurs de vérité. Ils recherchent le rayon de lumière partout et depuis toutes les sources. Si l’on ferme son esprit avec une objection ou une autre contre chaque livre ou enseignement, alors on ne sera pas capable de faire ne serait-ce qu’un seul pas sur le chemin simple et droit de la vie.


Extrait, avec quelques modifications, de Welcome Back, Sayyid Abul A’la Mawdudi, Rasael wa Masael. Publié initialement dans Tarjumanul Qur’an, juillet-octobre 1944.