Polémique virale : un motif sur du papier toilette accusé de blasphème, produit retiré d’urgence

Un rouleau innocent qui met le feu aux réseaux sociaux et fait trembler des rayons entiers de supermarchés ? Non, ce n’est pas la bande-annonce du prochain film catastrophe… mais bien la réalité étonnamment inflammable d’une polémique virale autour d’un papier toilette à l’aloe vera. Petit retour sur une histoire où hygiène, religion, réseaux et vent de panique se croisent dans une ambiance digne d’une tragicomédie moderne.

Le rouleau de la discorde : du rayon à la polémique

Tout commence le mardi 22 janvier dans un Marks & Spencer de la Défense, où une jeune femme se filme au rayon hygiène. Vidéo à l’appui, elle affirme, visiblement choquée, avoir « vérifié de ses propres yeux » la présence du nom « Allah » en toutes lettres, sur du papier toilette trois plis enrichi à l’aloe vera. Rapidement, elle rapporte l’étonnement affiché par l’équipe du magasin : « Ils étaient outrés, pas au courant, et avaient déjà reçu pas mal d’appels ». Internet ne demandait pas mieux pour s’enflammer : la vidéo devient virale, attisant les discussions sur Twitter et ailleurs à la vitesse d’une traînée de poudre (ou de papier, au choix).

La jeune lanceuse d’alerte ne s’arrête pas là : elle enjoint « tout le monde » à inspecter les stocks de papier de tous les Marks & Spencer de France et même « d’ailleurs ». Elle encourage à retirer ces « produits immondes » et à déposer plainte directement au siège. On imagine la surprise du personnel en voyant les acheteurs soucieux scruter d’un œil suspicieux chaque rouleau de PQ !

La réaction de l’enseigne : entre défense et retrait précipité

Face à cette effervescence numérique, Marks & Spencer ne traîne pas. L’enseigne britannique publie rapidement un communiqué, largement diffusé sur les réseaux sociaux. La sentence tombe : « Chers clients, à la suite des récentes remarques sur nos rouleaux de papier toilette à l’aloe vera, nous avons définitivement retiré ces produits de la vente. »

Mais la marque se défend aussitôt d’avoir attenté à la foi de qui que ce soit : elle assure que le motif incriminé n’est rien d’autre qu’une simple feuille d’aloe vera. « Comme vous pouvez le constater, le motif représente une plante d’aloe vera. La nature et le procédé de gaufrage rendent le motif moins précis que sur le moule. Toute ressemblance avec un autre symbole est totalement fortuite », garantissent les communicants de la maison. On croirait voir Hercule Poirot remettre le motif sur la feuille…

Fait notable, en Grande-Bretagne, où la polémique s’installe aussi via une vidéo publiée sur la chaîne YouTube « Your Halal Guy », Marks & Spencer ne retire cependant pas le produit de la vente. La firme répète qu’elle vend ce papier depuis plus de cinq ans, motif « catégoriquement » d’aloe vera, vérifié et confirmé avec ses fournisseurs. Outre-Manche, le rouleau continue donc son petit bonhomme de chemin sans bruit.

Déchaînement sur les réseaux : indignation, sarcasmes et débats

Le retrait des produits dans divers magasins français secoue les réseaux sociaux en fin de semaine. Plusieurs internautes s’indignent, d’autres y voient un point Godwin du débat religieux appliqué à l’hygiène corporelle. Certains utilisateurs — parfois issus de sites d’extrême droite — fustigent la marque, accusée de « se soumettre aux délires d’extrémistes musulmans ».

Dans la foulée, on observe :

  • Des appels au boycott de Marks & Spencer ;
  • Des réactions d’intellectuels et de figures publiques ;
  • Une vague de doutes sur la légitimité du retrait.

Le philosophe Raphaël Enthoven tweete : « Fake news : le nom d’Allah n’est pas écrit sur du papier toilette. Dommage. Dans un pays libre (où donc, le blasphème est légal), on devrait pouvoir se torcher avec l’idole de son choix. Dieu n’existe pas. Ni sur PQ, ni ailleurs. Mais c’est une autre histoire. »

D’autres internautes dénoncent ce qu’ils estiment être une capitulation face aux injonctions de « fanatiques », fustigeant une décision dictée par la peur et évoquant un « retour au Moyen Âge » sur fond d’absurdité.

Feuille d’aloe ou symbole religieux ? Retour sur les enjeux d’une tempête (dans un rouleau)

La polémique du « rouleau blasphématoire » met une nouvelle fois en avant la puissance disproportionnée d’une vidéo virale pour transformer une simple feuille… d’aloe vera en scandale national. On retiendra :

  • Un emballement rapide, alimenté par la viralité des réseaux sociaux ;
  • La difficulté pour les marques de trouver la parade parfaite entre sensibilité religieuse et rationalité ;
  • Un débat (presque) philosophique sur la liberté d’expression, le blasphème et la place du sacré dans le trivial — comme quoi, même le papier toilette peut soulever de lourds questionnements.

Morale express ? Avant d’appeler au boycott ou de scruter son PQ à la loupe : respirons un grand coup et gardons à l’esprit que toute ressemblance entre une feuille d’aloe vera et un symbole sacré est parfois… juste une histoire de déco.