Preuves de la prophétie de Mahomet
Les érudits musulmans ont discuté de différentes manières de considérer la prétention prophétique du Prophète Mahomet (que la paix et la bénédiction soient sur lui). Ce sujet est connu sous le nom de Dala’il an-Nubuwwah (preuves de la prophétie). Des centaines d’érudits ont écrit dans le passé et continuent d’écrire sur ce sujet. Des livres et des volumes entiers ont été consacrés à ce sujet.
Certains ont mentionné ses miracles et notamment le miracle du Coran comme preuves de sa prophétie. D’autres ont mentionné les prophéties de prophètes précédents concernant sa venue, telles que mentionnées dans la Bible, à la fois dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau Testament. Certains ont également mentionné des prophéties dans d’autres littératures religieuses anciennes des hindous, des bouddhistes et des zoroastriens. Certains ont basé leurs preuves sur le caractère propre du Prophète, ses enseignements et ses réalisations. Il s’agit en effet d’un vaste sujet qui peut être abordé de différentes manières. Il est important de connaître les preuves de sa prophétie. Grâce à cette connaissance, on peut distinguer le vrai prophète de ceux qui font de fausses déclarations. Cela peut également nous aider à expliquer le message de l’Islam aux autres.
L’Imam al-Bukhari et de nombreux autres spécialistes du Hadith ont mentionné un rapport historique très intéressant. Ce rapport nous apprend comment un dirigeant raisonnable a abordé ce sujet. Il est mentionné qu’après le traité de Hudaibiyah, le Prophète (que la paix et la bénédiction soient sur lui) a envoyé de nombreuses lettres aux chefs et dirigeants voisins les invitant à l’Islam. Il envoya Dihyah al-Kalbi (qu’Allah l’agrée) avec une lettre adressée à l’empereur romain d’Orient Héraclius. Il dirigeait à cette époque un vaste territoire du Moyen-Orient. Cette lettre lui fut probablement envoyée en 628 de notre ère. Héraclius était à Jérusalem à cette époque pour célébrer sa victoire sur les Perses. La lettre fut remise au gouverneur de Busra, qui la remit à l’empereur. L’Empereur fut intrigué par cette noble lettre. Il voulait en savoir plus sur celui qui lui avait envoyé cette lettre et s’il était véritablement le Messager d’Allah.
Il y avait une caravane de commerçants arabes dans la ville. Héraclius ordonna que les caravaniers soient amenés à sa cour. Abu Sufian ibn Harb était le chef de cette caravane. Il n’était pas musulman à cette époque. En réalité, il était alors l’un des ennemis de l’Islam. Plus tard, lorsqu’il devint musulman, il rapporta tout cet incident à Abdullah ibn
Abbas (qu’Allah les agrée tous les deux).
Ibn `Abbas (qu’Allah l’agrée) a dit : Abou Sufian ibn Harb m’a informé qu’Héraclius lui avait envoyé un messager alors qu’il accompagnait une caravane des Quraish. C’étaient des marchands faisant des affaires au Levant (Syrie, Palestine, Liban et Jordanie), à l’époque où le Messager d’Allah avait conclu une trêve avec Abu Sufian et les incroyants des Quraish. Alors Abu Sufian et ses compagnons se rendirent chez Héraclius à Ilya’ (Jérusalem). Héraclius les convoqua à la cour et il avait autour de lui tous les hauts dignitaires romains.
Il appela son traducteur qui, traduisant la question d’Héraclius, leur dit : « Lequel d’entre vous est étroitement lié à cet homme qui prétend être un prophète ?
Abu Sufian a répondu : « Je suis le parent le plus proche de lui (parmi le groupe). »
Héraclius dit : « Approchez-le de moi et faites en sorte que ses compagnons se tiennent derrière lui. »
Abu Sufian a ajouté [to Ibn `Abbas], « Héraclius a dit à son traducteur de dire à mes compagnons qu’il voulait me poser quelques questions concernant cet homme (le Prophète) et que si je mentais, ils (mes compagnons) devraient me contredire. Par Allah, si je n’avais pas eu peur que mes compagnons me traitent de menteur, j’aurais menti contre lui (le Prophète). »
[The dialogue then continued like this.]
Héraclius : Quelle est sa situation familiale parmi vous ?
Abu Sufian : Il appartient à une famille noble parmi nous.
H. : Est-ce que quelqu’un d’autre parmi vous avant lui a déjà prétendu la même chose (c’est-à-dire être un Prophète) ?
AS : Non.
H. : Quelqu’un parmi ses ancêtres était-il roi ?
AS : Non.
H. : Les forts et les puissants le suivent-ils, ou les faibles et les pauvres ?
AS : Ce sont les faibles et les pauvres qui le suivent.
H. : Ses followers augmentent-ils ou diminuent-ils (de jour en jour) ?
AS : Ils augmentent.
H. : Est-ce que quelqu’un parmi ceux qui adhèrent à sa religion est mécontent et abandonne ensuite sa religion ?
AS : Non.
H. : L’avez-vous déjà accusé de mentir avant de prétendre (être un Prophète) ?
AS : Non.
H. : Est-ce qu’il lui arrive de trahir ou est-il traître dans ses accords ?
AS : Non, nous sommes en trêve avec lui mais nous ne savons pas ce qu’il en fera. (Abou Sufian a dit [to Ibn `Abbas] »Je n’ai pas trouvé d’occasion de dire quoi que ce soit contre lui à part ce mot. »)
H. : Vous êtes-vous déjà disputé avec lui ?
AS : Oui.
H. : Quelle a été l’issue de vos combats avec lui ?
AS : Les combats entre lui et nous étaient indécis et la victoire était partagée tour à tour entre lui et nous.
H. : Que vous ordonne-t-il de faire ?
AS : Il nous dit d’adorer Allah seul et de ne rien adorer avec Lui, et de renoncer à tout ce que nos ancêtres avaient dit. Il nous ordonne de prier, de dire la vérité, d’être chastes et d’entretenir de bonnes relations avec nos amis et nos proches.
Héraclius dit à son traducteur de lui transmettre :
[1.] Je vous ai posé des questions sur sa famille et vous avez répondu qu’il appartient à une famille noble parmi vous. En fait, tous les Messagers sont issus de familles nobles au sein de leurs peuples respectifs.
[2.] Je vous ai demandé si quelqu’un d’entre vous prétendait une telle chose, et votre réponse a été non. Si vous aviez dit oui, j’aurais pensé que cette personne copiait les propos de la personne précédente.
[3.] Je vous ai demandé si l’un de ses ancêtres était roi. Votre réponse a été non. Si vous aviez dit oui, j’aurais pensé que l’homme voulait reprendre son royaume ancestral.
[4.] Je vous ai en outre demandé s’il avait déjà été accusé de mensonge avant de dire ce qu’il avait dit, et votre réponse a été non. Je me demande donc comment une personne qui ne ment pas sur les autres pourrait jamais mentir sur Allah.
[5.] Je vous ai alors demandé si les riches le suivaient ou les pauvres. Vous avez répondu que c’étaient les pauvres qui le suivaient. En fait, les pauvres sont toujours les partisans des Messagers.
[6.] Je vous ai demandé si ses abonnés augmentent ou diminuent. Vous avez répondu qu’ils étaient en augmentation. En fait, c’est la voie de la vraie foi, jusqu’à ce qu’elle soit complète à tous égards.
[7.] Je vous ai demandé s’il y avait quelqu’un qui, après avoir accepté sa religion, en était mécontent et l’abandonnait. Votre réponse a été non. En fait, c’est le signe de la vraie foi, lorsque sa joie pénètre au plus profond des cœurs.
[8.] Je vous ai demandé s’il avait déjà trahi et votre réponse a été non. De même, les Messagers ne trahissent jamais.
[9.] Je vous ai demandé ce qu’il vous a ordonné de faire, et votre réponse a été qu’il vous a ordonné d’adorer Allah et de ne rien adorer avec Lui et vous a interdit d’adorer des idoles et vous a ordonné de prier, de dire la vérité et d’être chaste. Si ce que vous dites est vrai, il occupera très bientôt cette place sous mes pieds désormais. Je savais d’après les Écritures qu’il allait venir mais je ne savais pas qu’il viendrait de vous. Si je pouvais l’atteindre, j’irais immédiatement à sa rencontre et si j’étais avec lui, je lui laverais certainement les pieds.
Héraclius demanda alors la lettre que lui avait adressée le Messager d’Allah. La lettre a été remise par Dihya au gouverneur de Busra, qui l’a transmise à Héraclius. La lettre disait : « Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Cette lettre est de Muhammad, le serviteur d’Allah et son messager, à Héraclius, le souverain des Byzantins. La paix soit sur celui qui suit le bon chemin. Je vous invite avec l’appel de l’Islam. Acceptez l’Islam et vous trouverez la paix. Allah doublera votre récompense. Mais si vous vous détournez, vous aurez sur vous le péché d’Arisiyyin (ses sujets). ( Ô Gens du Livre ! concluez un accord entre nous et vous : que nous n’adorons qu’Allah, que nous ne lui associons aucun associé et que nous n’érigeons pas parmi nous d’autres seigneurs et protecteurs qu’Allah. » Si puis ils se retournent, dites : « Témoignez que nous (au moins) sommes musulmans (s’inclinant devant la volonté d’Allah).) (Aal `Imran 3 : 64) »
Abou Sufian a dit [to Ibn `Abbas] »Quand Héraclius a terminé son discours et lu la lettre, il y a eu du tumulte et de nombreuses voix dans la cour, alors on nous a demandé de partir. » (Rapporté par al-Bukhari)
Il est possible qu’Héraclius ait accepté l’Islam en secret, mais qu’il n’ait pas pu le déclarer parce qu’il craignait la rébellion de son peuple. Cependant, il est intéressant qu’il ait essayé de considérer l’affirmation prophétique en considérant :
- L’histoire du Prophète
- Ses motivations
- Ses effets sur son peuple
- Son personnage
- Ses réalisations
- Son message
Considérant tous ces aspects de sa vie, il devint convaincu que le Prophète Muhammad (que la paix et la bénédiction soient sur lui) était bien le Messager d’Allah.