Ramadan : leçons à apprendre, significations à voir
La première chose qui frappe à propos du Ramadan, c’est l’amour que les gens lui portent.
Les musulmans attendent avec impatience l’apparition du croissant car il annonce le début de cette période de jeûne bénie.
Lorsque le croissant réapparaît un mois plus tard, c’est avec une douce tristesse qu’ils disent adieu au Ramadan.
En tant que musulman, on me pose souvent des questions sur le jeûne du Ramadan. Pourquoi fais-tu cela? C’est difficile? Est-ce spirituel ? En tant que converti à l’Islam il y a 15 ans, j’ai trouvé ces questions particulièrement difficiles à répondre ; dans de nombreux cas, je n’avais moi-même pas leurs réponses.
Aujourd’hui, tant d’années après ma première récitation de la Shahadah (témoignage de foi), je peux dire que je suis un musulman « expérimenté ». La connaissance et la compréhension de l’Islam sont un processus continu – chaque étape dans la recherche de la connaissance ouvre de nouvelles perspectives de compréhension – mais au moins j’en sais maintenant un peu plus que ce que je savais il y a 15 ans.
Mon premier Ramadan a été difficile. Après quelques faux départs et étant incapable de manger le sahur (le repas juste avant l’aube) si tôt le matin, j’ai réussi à respecter mon premier jeûne, ce qui était un exploit.
C’était une expérience que je n’avais jamais vécue auparavant. Pour la première fois, j’ai réalisé la valeur de tant de choses que je tenais autrement pour acquises. J’ai remarqué la texture douce et veloutée de l’eau et j’ai reconnu pour la première fois ce qu’était réellement la soif. Quelques jeûnes et je pouvais sympathiser avec ceux qui avaient faim, soif et qui vivaient dans la famine.
J’ai également compris la force de ma propre foi et celle de plus d’un milliard de musulmans à travers le monde, qui jeûnent simplement parce que cela leur est ordonné, Subhan Allah. Les musulmans qui jeûnent ne mangent ni ne boivent rien pendant la journée du Ramadan, pas même de l’eau.
Nous prenons un repas avant l’aube – le sahur – puis un repas d’ouverture du jeûne au coucher du soleil appelé l’Iftar. Un musulman peut avoir faim, soif et être fatigué, mais il se rend au travail comme d’habitude et accomplit ses tâches quotidiennes. Les horaires ne sont pas affectés et la vie continue normalement mais sans nourriture ni boisson.
Alors pourquoi les musulmans jeûnent-ils pendant un mois entier pendant le Ramadan ? Pourquoi passe-t-on par cette phase d’abstinence ? La réponse la plus simple est : nous jeûnons parce que notre Créateur nous l’a ordonné.
C’est un sentiment extrêmement beau, une conviction de croyance qui ne peut être inspirée que par Dieu Tout-Puissant. Une confiance et un amour intangibles et incommensurables pour Allah.
Le jeûne incarne la sincérité du croyant. J’ai réfléchi à cette question à maintes reprises : qui peut savoir si une personne prend une bouchée de nourriture en faisant semblant de jeûner ? Qu’est-ce qui nous empêche, ainsi qu’un milliard d’autres musulmans, d’avaler l’eau que nous utilisons pour nous gargariser en faisant nos ablutions ?
Au contraire, j’en vois beaucoup, surtout les plus jeunes, essayer de retirer même la plus petite, la plus minuscule goutte d’eau de leur bouche après avoir fait leurs ablutions.
Je me souviens d’une jeune fille qui s’inquiétait de ce qui se passerait s’il pleuvait pendant le Ramadan ; elle s’inquiétait des gouttes d’eau qui tombaient sur ses lèvres. En tant qu’amie, cela me faisait sourire de penser à elle, mais cela me faisait aussi réfléchir. Sa sincérité était telle que même les gouttes de pluie devenaient inquiétantes.
Pour en revenir à mes questions initiales sur le jeûne, les réponses ont été plus profondes que ce à quoi je m’attendais. Je suis d’accord sur le fait qu’il y a suffisamment d’écrits sur les bienfaits du jeûne pour la santé, mais pour moi, c’est la foi qui inspire ce jeûne.
Lorsque cette croyance individuelle transcende les frontières nationales et la distance physique, elle devient la foi et la pratique du collectif. Cela devient d’autant plus inspirant et émouvant.
Le jeûne est ainsi porté au comble du sens à chaque Ramadan. Cela ne représente pas simplement l’abstinence de l’individu. Il s’agit plutôt d’une célébration collective de la spiritualité dont l’humanité est capable.
Les individus sont éveillés à la compréhension de leur capacité à vaincre l’envie de manger. Si cela peut être fait, l’avidité pour le pouvoir, la richesse, la renommée et tout le reste peut également être vaincue. Mais ce n’est pas la fin du sens qui peut être atteint.
Sur une note plus subtile, il existe une sagesse sous-jacente selon laquelle le pouvoir et la richesse ne sont pas aussi mauvais qu’on le prétend souvent. L’abstinence totale n’est pas censée être la solution. Nous ne pouvons jamais être divins, mais nous devons sûrement être humains.
Avec la sagesse vient la modération, et avec la modération vient la responsabilité. La nourriture est une nutrition lorsqu’elle est bonne et une obésité lorsqu’elle est mauvaise. Le pouvoir peut être destructeur, mais le pouvoir peut aussi créer un devoir de diligence : le pouvoir d’une mère sur la vie de son enfant.
La richesse peut provoquer des guerres ou la richesse peut nourrir les personnes frappées par la famine et éduquer les analphabètes et, de par sa nature même, la richesse peut éradiquer la pauvreté.
Nous lisons sur des érudits et des philosophes qui, à travers les âges, ont eu recours à l’ascétisme et à l’isolement pour acquérir une telle sagesse. Le Ramadan nous offre l’opportunité d’apprendre ensemble ces difficiles leçons d’équilibre et de modération, en tant que collectif, en tant que Oumma de personnes qui soumettent inconditionnellement leur volonté et leurs désirs à Dieu Tout-Puissant.