“Alerte” au Québec : Pourquoi le gouvernement met en garde contre l’islamisme radical maintenant ?

Ça chauffe sous la Coupole ! Depuis peu, le gouvernement Legault multiplie les signaux d’alarme contre « l’assaut de l’islamisme radical » au Québec. Mais pourquoi maintenant et, surtout, sur quels éléments s’appuie-t-il ? Plongée dans un débat bouillant où la nuance essaie de trouver sa place…

Quand la laïcité s’invite sur la place publique

L’atmosphère à l’Assemblée nationale était électrique à la suite du discours du premier ministre François Legault, dénonçant vigoureusement « l’assaut de l’islamisme radical ». La réplique n’a pas tardé : Jean-François Roberge, ministre de la Laïcité (oui oui, ce ministère existe !), a appelé la population à « se réveiller devant cette menace ». Selon lui, il ne faut pas « attendre que ce soit partout, dans toutes nos institutions, pour nous réveiller, réveillons-nous maintenant ! ».

Pressé de donner des exemples concrets, M. Roberge a pointé du doigt le cas désormais célèbre de l’école Bedford à Montréal. Selon un rapport évoqué par le ministre, certains enseignants auraient « noyauté l’établissement », une image pas franchement rassurante.

Niveau mesures politiques, le feu couvait déjà : lors du conseil de fin de semaine précédent du parti de François Legault, la Coalition avenir Québec (CAQ), les militants ont adopté une proposition visant à interdire à tout moment le port de tout masque – pointe directe en direction du voile musulman, par extension.

Une opposition vigilante, du scepticisme aux partisans convaincus

Du côté de l’opposition, on garde le stylo bien affûté et on ne signe pas n’importe quoi. Plusieurs ont appelé le gouvernement à « s’expliquer et à faire preuve de prudence ». Mais sur l’autre rive, le chef conservateur Éric Duhaime s’est montré solidaire de la position officielle, soutenant le combat contre ce qu’il appelle aussi « l’assaut de l’islam politique ».

Chez Québec solidaire, on rappelle fermement qu’il n’y a « aucun appui, appétit ou soutien pour les islamistes radicaux », tout en soulignant que le discours gouvernemental fait abstraction « de la montée de la droite masculiniste ». Comme quoi, chaque parti a ses priorités quand il s’agit de repérer les menaces…

Des nuances politiques bien campées

La question de l’emploi du terme « assaut » soulève déjà les sourcils. Joël Arseneau, député du Parti québécois, reconnait l’existence de l’islamisme radical et la nécessité d’y faire face, mais critique ouvertement la façon dont François Legault aborde le sujet : « Est-ce que ça contribue au débat ? Est-ce que ça contribue à la réflexion et au développement de politiques publiques pour s’assurer d’un meilleur vivre ensemble au Québec, à l’égalité des chances chez les jeunes, à un débat sain ? ».

Pour appuyer ses propos, il revient lui aussi sur l’affaire Bedford, jugeant le cas « fort bien documenté » et appelant à nommer explicitement les faits lorsqu’il s’agit « d’entrisme islamiste ».

Jean-François Roberge, pour sa part, martèle qu’il n’est pas question que le problème prenne de l’ampleur sans réaction :

  • Il évoque un cas « patent » à l’école Bedford.
  • François Legault précise que des islamistes y auraient défendu « à des filles d’avoir des cours d’éducation physique », estimant que « ce n’est pas rien au Québec ».

En face, on demande : à quel phénomène réel fait-on référence ? Le débat est lancé, et pas près de s’arrêter à la sortie de la classe…

Le contexte et les enjeux : pourquoi cet emballement ?

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement québécois met le dossier à l’avant-scène. Pour la dernière année de son mandat, François Legault a d’ailleurs pointé deux cibles prioritaires : les syndicats… et les « islamistes radicaux ».

À noter :

  • La proposition d’interdiction du voile dans l’espace public a été adoptée lors du congrès CAQ.
  • Le président péquiste confirme la présence d’un « islam politique qui est très conquérant » et rappelle que le phénomène ne se limite pas au Québec.

Pour certains, le choix des mots tient du superlatif qui sème la confusion. Pour d’autres, il s’agit d’un appel nécessaire à la vigilance. Mais une chose est certaine : le sujet ne laisse personne indifférent.

En conclusion : rester éveillés, oui — mais avec quelles lunettes ? Devant la montée des préoccupations, la vigilance semble de mise. Mais à trop convoquer l’urgence, on risque de réduire la complexité d’un débat qui touche à l’éducation, à l’égalité et au vivre-ensemble québécois. Peut-être qu’un peu plus de pédagogie et de dialogue ferait du bien… et éviterait que chacun campe dans sa cour de récréation !