Il y avait plus de paix que de guerre dans la Reconquista | Histoire

Je suis, avec ma fille de six ans, une lectrice enthousiaste de votre quiz hebdomadaire pour enfants qui paraît dans le magazine du samedi. Même s’il peut sembler trop scrupuleux de critiquer la réponse donnée à la question d’Alice, 10 ans, « Quelle a été la plus longue guerre ? (19 novembre), je me sens obligé de contester l’interprétation donnée dans votre réponse, la Reconquista, qui a caractérisé cette période de l’histoire européenne comme « une période de guerre de 781 ans » au cours de laquelle « des royaumes chrétiens […] se sont battus pour reprendre le territoire des landes musulmanes qui avaient occupé la péninsule ibérique ».

Les historiens ont travaillé ces dernières années pour remettre en question ce point de vue, largement promu sous le régime du dictateur nationaliste Francisco Franco et repris plus récemment dans la rhétorique du parti de droite Vox. Ces huit siècles de gouvernance islamique ne doivent pas être décrits comme une « occupation », pour la même raison que la domination romaine sur la péninsule ibérique (qui a duré environ six siècles) n’est pas non plus décrite comme une occupation prolongée.

Cette période a connu plus de paix, de commerce et d’échanges culturels entre les communautés religieuses que de guerre. Les conflits militaires font également partie de cette histoire, mais pas de manière distincte par rapport à d’autres régions d’Europe au Moyen Âge.

Et bien que les royaumes du nord gouvernés par les chrétiens se soient finalement étendus, pour couvrir l’ensemble de la péninsule en 1492, ils n’avaient aucune ressemblance avec le royaume wisigoth qui était tombé aux mains des armées dirigées par les musulmans en 711. Interpréter ce processus comme une « reconquête « Suivre une occupation, c’est, je le crains, renforcer l’idée préconçue selon laquelle une présence musulmane en Europe occidentale, quelle que soit sa durée, est intrinsèquement étrangère et illégitime.
Dr Erin Thomas Dailey
Professeur agrégé d’histoire de l’Antiquité tardive et du début du Moyen Âge, Université de Leicester

Vous avez une opinion sur tout ce que vous avez lu dans le Guardian aujourd’hui ? S’il vous plaît e-mail nous votre lettre et elle sera considérée pour publication.