Radars impuissants : comment des milliers de conducteurs rendent leur voiture “invisible” avec des astuces bluffantes, l’enquête choc

Qui n’a jamais eu une petite bouffée d’adrénaline en passant devant un radar automatique, les mains crispées sur le volant, guettant le moindre flash ? Mais certains conducteurs, eux, ne font pas les choses à moitié : ils transforment la discrétion en véritable sport à haut niveau, rendant leurs véhicules quasi invisibles aux contrôles routiers. Une nouvelle enquête menée au Royaume-Uni lève le voile sur des pratiques aussi ingénieuses qu’inquiétantes.

Nouvelles techniques : l’ingéniosité au service de l’invisibilité

Avec l’essor des caméras ANPR capables de lire automatiquement les plaques lors du passage devant un radar, la riposte des automobilistes ne s’est pas fait attendre. Il en résulte une flambée d’astuces, parfois jugées « simplissimes », destinées à tromper ces dispositifs. Selon l’enquête britannique, un conducteur sur quinze utiliserait aujourd’hui des méthodes pour passer inaperçu. Fini le temps des sprays à l’efficacité douteuse ou des autocollants flous ; place désormais à la sophistication.

• Plaques 3D/4D : Avec lettres et chiffres en relief, souvent composés de matériaux réfléchissants, elles modifient la façon dont la caméra perçoit l’image, créant des zones illisibles ou des inscriptions déformées.
• Filtres transparents altérant subtilement la teinte des caractères, rendant la lecture automatique aussi complexe qu’un Sudoku sans indices.
• Ajout de couvertures partiellement opaques sur les numéros : l’art de flouter sans Photoshop.

Certains vont encore plus loin : clonage pur et simple de la plaque d’immatriculation d’un autre véhicule. Résultat ? Un véritable casse-tête lorsqu’il s’agit de retracer et sanctionner l’auteur d’une infraction, au grand désarroi des victimes du clonage, propulsées malgré elles au cœur d’un imbroglio administratif.

Impact sur les contrôles et multiplication des risques

L’efficacité de ces techniques inquiète les autorités. D’après Fraser Sampson, ancien responsable britannique du système ANPR, près de 3 % des relevés quotidiens seraient affectés, soit plus de deux millions chaque jour. Le taux d’erreur explose, la fiabilité des contrôles s’affaiblit, et les infractions graves passent parfois entre les mailles du filet. Cela ne concerne plus uniquement l’Angleterre : la France commence à observer une hausse des infractions liées à la modification des plaques, phénomène dopé par la multiplication des vidéos explicatives sur les réseaux sociaux.

L’utilisation accrue d’applications mobiles pour recenser les radars et ajuster l’itinéraire vient encore grossir les rangs de ces conducteurs malins — ou téméraires. De quoi donner du fil à retordre aux forces de l’ordre.

Pourquoi une telle tentation ? Sanctions jugées trop légères

Que pousse tant d’automobilistes à franchir la ligne rouge ? Un sentiment d’être surveillé en permanence, la prolifération des règles routières, mais aussi – et surtout – la faiblesse des sanctions. Au Royaume-Uni, la sanction pour une tromperie détectée atteint seulement 117 euros, soit moins que certaines baskets de collection. Comparé au coût potentiel d’une suspension de permis pour excès de vitesse détecté, le calcul est vite fait : beaucoup acceptent le pari, quitte à s’offrir des plaques sophistiquées.

Côté hexagonal, la loi reste droite dans ses bottes : toute modification non homologuée se solde par une amende, voire par l’immobilisation du véhicule. Mais la propagation rapide des combines laisse craindre une contagion du phénomène.

Conséquences pour la société : sécurité et confiance mises à mal

Derrière cette créativité se cachent des dangers bien réels – pour le conducteur audacieux, mais aussi pour le collectif. Multiplier les astuces pour tromper les radars, c’est mettre à mal la fiabilité de tout le système et fragiliser la sécurité de tous. Les conséquences lourdes pour les victimes de clonage et la complexification du suivi des délits majeurs ne sont pas à prendre à la légère. Quand la confiance dans les radars et caméras vacille, c’est toute l’efficacité du contrôle routier qui vacille d’un même coup.

Face à cet arsenal, les pouvoirs publics ne baissent pas les bras. Innovations sur les ANPR, modification de lois, campagnes de sensibilisation, voire échange des données à l’échelle européenne : les efforts s’intensifient pour enrayer la propagation. Certains pays n’écartent pas de renforcer encore les sanctions et d’envoyer, cette fois, un vrai signal à ceux qui pensent filer entre les radars.

À méditer : toute parade technique semble, tôt ou tard, trouver sa contre-mesure. Mais la sécurité routière, elle, ne doit pas devenir invisible…